2 mois…
2 mois déjà que nous sommes de retour de voyage. Un retour prématuré, sur un coup de tête, imprévu, qui nous laisse aujourd’hui un goût amer.
Après tant de mois sur la route, nous voulions revoir nos familles et nos amis. Nous souhaitions aussi, bizarrement, retrouver quelque temps cette routine confortable qui nous avait fait fuir.
Aujourd’hui, nous voilà à nouveau prisonniers de cette société où nous ne trouvons pas notre place.
Pourquoi ce retour de voyage ?
Il y a 2 ans, nous avions tout plaqué avec pour objectif de faire le tour du monde pendant environ 3 ans. On voulait prendre notre temps, ne pas prendre l’avion, travailler sur la route…
Mais depuis nos plans ont changé. Au bout de 3 mois de voyage, nous avions déjà 2 mois de retard sur le semblant de planning que nous nous étions concocté. Au bout de 2 ans, nous avons au moins une année de retard. Nous devrions déjà être en Amérique alors que nous n’avons même pas fini l’Asie.
Notre contrat avec Expedia se terminant, nous avions le choix entre le retour en Australie pour travailler ou le retour en France. Nous avons fait le choix de revenir pour deux raisons.
Nos proches nous manquaient. Un bébé par-ci, un mariage par là, nous avions l’impression de rater beaucoup trop d’évènements importants. Alors voilà, quitte à se poser quelques temps pour travailler, autant le faire près des personnes qui nous manquent.
L’autre raison s’explique aussi par ce fameux changement de plans. Clo avait prévu, après 3 ans de voyage, de finir ses études. Mais nous avons pris conscience que ce tour du monde durera beaucoup, beaucoup, beaucoup plus longtemps. C’était le moment ou jamais pour elle de décrocher son diplôme, synonyme de nouvelles opportunités de travail.
Est-ce facile de revenir en France ?
Nous étions impatients de rentrer. Fatigués par les kilomètres avalés, nous rêvions même de ce retour de voyage. Mais, après la joie des retrouvailles, c’est un sentiment de déception qui nous anime.
Sous la grisaille parisienne, dans notre 10m2, nous avons bien du mal à rebondir. Nous nous étions habitués aux sourires, à la découverte quotidienne, à la liberté. Nous nous sommes pris un mur en pleine face.
Ce mur se nomme LA CRISE. Ou plutôt les crises.
La crise de l’emploi, plus forte que jamais, qui va largement compliquer la tâche pour Clem.
Et la crise des migrants qui nous rappelle que nous vivons dans un pays fermé. Un pays qui a peur de l’étranger. On se souvient de ce réfugié Afghan en Iran, Muammed Ali, qui n’a pas hésité une seule seconde à nous ouvrir les portes de chez lui alors que nous étions à la rue. Nous, voyageurs du monde, nous avons du mal à comprendre pourquoi notre terre n’est pas partageable. Nous sommes triste de voir les discours du FN banalisés sur les réseaux sociaux, dans les médias ou en politique.
Depuis quelques jours, une question nous hante : Pourquoi on est revenus au fait ?!
Voyager c’est vivre une aventure forte au quotidien. Malgré les problèmes qu’on peut rencontrer sur la route, voyager c’est la liberté. Rentrer c’est dire adieu à cela, retrouver des marques dans une société qui n’est plus la notre.
Pour faire simple, nous sommes comme deux poissons qui vivaient dans un immense océan, et qui se retrouvent maintenant dans un petit bocal. À l’étroit, désorientés, déprimés, voilà comment nous nous sentons. Le blues du voyageur. Non, le retour de voyage n’est pas simple. Nous n’avons qu’une envie : tout laisser derrière nous, et repartir.
La suite du voyage : revenir pour mieux repartir
Vous l’aurez compris, notre tour du monde n’est pas terminé, au contraire, ce n’est que le début. La manière dont nous voyageons va nous obliger à partir non plus 3 années, mais au moins 10, peut-être plus. Nous voulons construire une vraie vie de nomades, et ce retour en France va nous permettre de mieux le préparer.
Nous avons 1000 projets en tête, de nouveaux voyages à venir très bientôt (surprise !).
Le blues du retour de voyage sera bientôt remplacé par l’excitation des préparatifs du nouveau départ 🙂
On vous tient au courant très vite 😉
Clo & Clem
13 commentaires
Ah, mais je sais pourquoi vous êtes rentré moi, c’était pour venir aux Apéro Voyageurs pardi 😉
Blague à part, moi qui ne suis pas d’un naturel très morose, cette hystérie face au problème des réfugiés me plombe pas mal également. Il m’arrive régulièrement quand je regarde les gens dans la rue de me dire, “et toi, tu fais partie de ceux qui n’en veulent pas ? Et toi, et toi…”. Bref, l’impression de vivre un certain décalage avec nombre de mes compatriotes.
Bon, si j’ai bien compris, le redépart sera donc anticipé 🙂
Je regarde 5 ans en arrière et je me reconnais assez dans votre article. Pas facile de revenir de voyage et encore plus dans le contexte actuel où on rejette les autres (ça saute encore plus aux yeux quand on a connu la générosité du monde).
Bref à mon retour, plutôt que de m’enfoncer dans mon mal être et de céder à la tentation de repartir, je me suis accrochée, je suis allée à la rencontre de voyageurs et blogueurs, lancé les apérovoyageurs. Bref, j’ai essayé de me créer un réseau qui corresponde à mes nouvelles attentes, à ma “nouvelle” façon de voir la vie et éviter de sombrer dans la morosité ou la dépression. J’ai surtout tout mis en oeuvre pour me créer mon propre travail plutôt que d’attendre de trouver une entreprise qui veuille bien de mes compétences (et rentrer dans une routine qui ne me convient pas non plus au final).
Aujourd’hui je suis contente de ne pas avoir fuit parce que finalement après avoir voyagé autant et malgré toutes les choses qu’on lui reproche, la France restera toujours le pays que j’appellerai “la maison”.
Je vous souhaite de trouver votre voie car c’est bien ça le plus important !
Je vous souhaite un beau nouveau départ ! Je rêve aussi de plus de partage et d’entraide sur cette Terre ! De notre côté, nous partons le 1er janvier avec les enfants. Ce ne sera qu’une parenthèse (congé sabbatique de 8 mois) mais c’est déjà ça ! On se croisera peut-être sur la route !
Je crois que tous les voyageurs ont eu ce coup de blues du retour. Le choc est souvent brutal entre l’ailleurs et l’ici. Qu’on ait été sur la route en vadrouille ou pas d’ailleurs (moi j’avais un quotidien en Chine, je bossais, j’avais un appart, etc. et pour le retour en France a été difficile !).
Je crois que ce qu’il faut quand on rentre, ce sont des projets (en France ou à l’étranger), des projets qui relancent la machine, qui nous font avancer, qui nous éclatent et nous remettent dans une nouvelle dynamique !
J’espère que vous allez trouvé votre équilibre et que ce coup de blues ne sera rapidement qu’un mauvais souvenir.
Bon courage! Convaincu vous allez vite rebondir, hopla ! 🙂
Salut Clo & Clem,
Je commente rarement les articles de voyage mais en lisant le votre, je me suis dit que j’aurais pu l’avoir écrit moi-même! Je suis moi aussi rentrée de voyage il y a maintenant presque 2 mois et pour les mêmes raisons que vous… Malheureusement, l’enthousiasme des premiers jours du retour s’est vite estompé… C’est vrai, on rate beaucoup d’événements mais finalement, c’est un choix de vie.
Je compte repartir moi aussi, à long terme, comme vous!
Bon courage à vous en attendant le jour J et essayez de garder le sourire malgré tout, c’est bon de croiser des gens avec le sourire (tellement ils se font rares…)!
A bientôt!
Cyn
Bonjour Clo & Clem, ce billet de blog (je vous lis régulièrement) fait écho en moi car j’ai eu quelques retours catastrophiques notamment en 2010 d’Espagne et 2012 de Copenhague, après 6 mois ou plus hors de France. j’ai compris qu’une chose fonctionnait pour moi : prendre le temps de voir ses amis et sa famille petit à petit, se faire un petit plaisir typiquement français chaque jour (ce pain qui m’avait manqué, ou ce lieu) pour éviter la morosité ambiante. Après j’admets que les actualités ne sont pas faciles (crise, guerres, FN…). Perso c’est la première fois que je reviens en France avec un job intéressant, ça me redonne espoir … Je suis revenue au printemps de Nouvelle-Zélande et j’ai trouvé un truc qui me convient … En attendant de préparer le prochain départ … Bon courage !
Je suis parti en Janvier 2011 pour l’Angleterre, puis j’ai enchainé avec le Canada, l’Amerique Centrale, je suis rentré 2 mois en France, puis reparti pour l’Australie, ponctué de presque 6 mois en Asie, le mois prochain je pars en Nouvelle-Zélande pour 1 an, et aujourd’hui, après plus de 4 ans et demi à l’étranger, ma plus grande peur est de devoir peut-être rentrer en France un jour, car pendant les 2 mois que j’y ai passé début 2013, je m’y suis un peu senti comme un étranger, et la lourdeur administrative ne facilite pas les démarches de réinsertion. Mais si je rentre, je le ferais de la même façon que lorsque je m’installe dans un nouveau pays, en m’installant par exemple dans une ville sympa que je ne connais pas encore 😉
Je me demandais: Pourquoi vous ne cherchez pas à vous installer en province ? Vous seriez en terrain moins connu et pourriez continuer à découvrir de nouvelles choses que vous ne connaissez pas encore.. Car après tout (et je parle pour moi en particulier) on connait moins bien notre chère France que les pays que l’on visite 😉
Je n’aurai pas grand chose de plus intelligent à rajouter à tout ce qui a déjà été merveilleusement dit. D’autant plus que je suis du type à être autant excitée à l’approche du départ qu’à l’approche du retour et que le retour est synonyme pour moi de projets emballants chaque fois… difficile de conjuguer ça à la morosité. Néanmoins, ça a déjà été vécu et au final, que ce soit de repartir en voyage où d’organiser sa vie pour qu’elle nous plaise sur place, l’important est de faire des choix qui concordent avec nos besoins et nos attentes.
En attendant votre prochain départ, jouez au touriste chez vous (vous avez tellement un pays riche de choses à découvrir, de paysages variés et extraordinaires), exercez-vous à trouver les petits bonheurs de la vie, ces petits bonheurs ordinaires qu’on ne voit pas toujours très bien. Et hop ! Ensuite, nouveau départ !
Alors, vous venez quand au Québec ? 😉
C’est vrai que ce n’est pas facile de revenir. Surtout si vous êtes à Paris. Mais regardez : quand vous êtes en voyage, vous envoyez des good vibes du bout du monde. Mais vous n’avez prise sur rien. C’est ce qui m’avait pesé sur la fin de mon tour du monde, de n’être que quelqu’un qui passe, qui constate et qui s’en va.
Ici, en France, vous comprenez mieux et vous pouvez agir. Vous pouvez monter des projets, discuter avec les gens, vous engager pour des idées qui vous tiennent à coeur. Vous êtes aussi libres de ça. Les barrières sont dans nos têtes. La société française n’est pas monobloc. Et Paris n’est pas la France !
Je passe mes journées à rencontrer des gens dans ces campagnes. Il y a ceux qui se lamentent “les étrangers gnagnagna, les politiques gnagnagna, la crise gnagnagna, l’Europe gnagnagna”… Et puis il y a ceux qui font sans rien demander à personne. Et ceux-là, je vous assure qu’ils ont le moral, même si c’est pas tous les jours dimanche.
Venez me rejoindre si ça vous dit. Y a du fromage, du bon vin et une nature qui fait vraiment du bien, surtout quand on habite Paris 😉
Je suis rentrée de voyage avec mon homme en mai 2014, repartis en janvier 2015 pour une vie d’expatriés dans un pays avec des sourires sur les visages de gens. J’aime ma famille, mes amis, la France mais la morosité qui y règne, les visages figés et les efforts nécessaires pour sortir de son quotidien demandent trop d’énergie.
Nous lien avec nos racines est toujours là, plus fort que jamais, on essaye de rentrer aussi souvent que possible pour ne pas trop rater mais on vit pleinement nos rêves et nos projets pour ne pas regrette une minute de notre vie 🙂
Soyez heureux, vivez vos rêves !
Schuldi
Intéressant ce retour, cette prise de recul sur la volonté de revenir et le retour de ce dont on cherche à s’évader initialement. J’imagine que ça doit pas être évident. Nous, on n’est pas encore partis, mais je redoute déjà le retour quand même pour toutes les raisons que vous mentionnez.
Allez, dites vous que ca n’est probablement qu’une pause, un break dans l’aventure, un temps pour se ressourcer auprès des proches avant de replonger dans le grand bain et de retrouver cette liberté 🙂
Bon courage en tout cas!