Pour notre première nuit dans l’Outback australien, nous nous arrêtons sur une aire d’autoroute désaffectée. Perdus au milieu de nulle part, on a l’étrange idée de se raconter des histoires qui font peur au coin du feu.
On se met alors à chercher les histoires vraies les plus morbides. En fouillant sur internet, on tombe sur le classement des pires meurtriers de l’Histoire. En fin de liste, une histoire nous fait frémir, celle d’Ivan Milat, un Australien, surnommé le tueur de backpackers.
De 1989 à 1993, il a tué 7 personnes, dont 5 backpackers. Il fut arrêté en 1994 et finira ses jours derrière les barreaux.
Depuis cette affaire, d’autres hommes ont essayé d’imiter le “tueur de backpackers”. Par exemple, en 2001, un certain Bradley John Murdoch, s’est attaqué dans l’Outback à un jeune couple d’anglais et a été jugé pour le meurtre du garçon. Ses histoires de tueurs australiens ont d’ailleurs inspiré un film, Wolf Creek, dont l’histoire se situe dans l’Outback.
Le plein d’images horribles en tête, nous allons nous coucher. Les portes du van ont beau être verrouillées de l’intérieur, nous ne dormons que d’un œil. Autour de nous c’est le désert. Les villages, autrefois habités par les chercheurs de pierres précieuses, sont maintenant abandonnés. Il ne reste que des ruines.
Le lendemain matin, nous rangeons nos affaires après cette courte nuit sur l’aire d’autoroute. D’énormes camions passent à tout allure sans s’arrêter. Alors que nous sommes sur le point de partir, un pick-up blanc passe devant nous. Quelques mètres plus loin, il fait demi-tour et s’arrête devant notre van.
Le conducteur, une quarantaine d’années, cheveux blonds mi-longs, d’une grande taille, est habillé tout en vert kaki. Son pickup, étonnamment propre pour un véhicule de l’Outback, est totalement vide.
Il descend de sa voiture, regarde autour de lui avant de s’avancer vers nous. Il se présente sous le nom de Dave.
Son attitude est étrange. Il semble vouloir sympathiser, mais il ne sourit pas.
Il a plutôt l’air crispé, tendu. Il ne sait pas trop quoi nous dire. Il remarque alors nos planches de surf et retourne aussitôt dans sa voiture.
Il revient avec “la bible du surfeur” qu’il nous offre en nous expliquant qu’il faut absolument la lire. Ce livre qui mixe pratique du surf et religion chrétienne est sensé nous changer la vie.
On le remercie. Il reste là à nous regarder sans afficher aucune émotion, le visage complètement neutre. Après de longs silences gênés, il regarde à nouveau autour de lui puis retourne dans sa voiture. Cette fois-ci il revient muni d’un stylo et d’une carte routière. Il nous tend la carte et, y dessine une croix. A côté de la croix il note son numéro.
“J’habite ici, quand vous passerez près d’Adélaïde, téléphonez-moi, je viendrai vous chercher et vous resterez plusieurs jours chez moi.”
La croix se trouve au beau milieu de nulle-part, dans les terres.
Plusieurs questions se posent :
– Que fait cet homme ici, à plus de 10 heures de route de chez lui, sans aucune affaire dans sa voiture ?
– Si cet homme habite loin de la côte, d’où tient-il “la Bible du surfer” ?
– Plus étrange encore, à l’intérieur du livre sont inscrits deux noms au stylo “Kate et Owen”. Si il s’appelle Dave, d’où tient-il ce livre ?
Enfin, l’homme nous invite visiblement chez lui alors qu’il ne nous connaît pas et n’a pas cherché véritablement à nous connaître !
Une seule réponse possible : “Nous sommes désolés mais ce n’est pas notre route.”
Nous avons à peine le temps de finir notre phrase qu’il reprend sa carte. Il regarde une nouvelle fois autour de lui et remonte dans sa voiture sans dire un mot. Il démarre son pickup et s’en va dans la direction d’où il était venu. On se regarde bouche bée.
Nos histoires morbides de la vieille sont toujours dans nos têtes… Tueur en série ou missionnaire surfeur ?
Pour en avoir le cœur net, nous cherchons sur internet s’il y a eu des disparitions récentes dans la région. Aucun signalement. Ouf !
Nous reprenons la route. Mais nous ne pouvons nous empêcher de repenser à cet homme si étrange. Et s’il nous suivait ?!
Notre paranoïa s’est finalement calmée en quittant le désert de l’outback. Mais on n’oubliera pas notre rencontre avec Dave !
A très bientôt pour la suite du roadtrip !
Clo & Clem
7 commentaires
Les photos sont superbes, ca me rappel de bons souvenirs sur les loooongues routes sans personnes.
Votre ‘rencontre’ fou un peu les pétoches par contre, surtout avec tout ce qu’on entend sur les tueurs en série.
Et si les émotions émises par les “histoires qui font peur” de la veille avaient attirées peu après par effet résonance des circonstances de la même trempe :/ …
ma maman m’a toujours dit de refuser les bonbons offerts par les inconnus ! 🙂
Les histoires de la veille, l’étendue de l’outback, le pickup trop propre, l’homme qui semble crispé… tous les ingrédients y sont 😉
Wolf creek 2
Ouhhhhh, je comprends qu’il a dû vous mettre le doute le bonhomme, surtout après les lectures de la veille.
Une rencontre étonnante en tout cas, et un souvenir de plus 🙂
C’est tout simplement, flippant !
Cette histoire est absolument flippante… Mais elle en jettera racontée à votre retour ou à d’autres voyageurs (par temps clair et pas le soir au coin du feu haha).