Nous arrivons à Téhéran au milieu de la nuit, après 8 heures de bus depuis Tabriz.
Comme d’habitude, nous avons le droit à un chaleureux comité d’accueil : une dizaine de rabatteurs et chauffeurs de taxis surexcités. Après une rude négociation, on parvient enfin à obtenir un tarif convenable pour aller jusqu’à notre hôtel.
Les rues sont désertes, le taxi fonce à une allure folle et grille tous les feux rouges. Arrivé à l’hôtel (le Firouzeh hôtel) nous avons une soudaine nostalgie pour notre chambre sans lit de Tabriz. La meilleure chambre coûte 750 000 rials (presque 20 euros), les toilettes sont communes et internet est en supplément.
On comprend qu’ici à Téhéran, dans l’immense capitale iranienne, l’ambiance est totalement différente. Notre première impression se confirme le jour suivant. Alors que nous avions adoré la nourriture iranienne à Tabriz, nous découvrons ici des restaurants insipides et beaucoup plus chers. Dans les rues, des milliers de personnes se frôlent sans se regarder. Le bruit combiné des vendeurs à la sauvette, des voitures, des motos, des taxis, des bus et des minibus est incroyable. On rentre se réfugier à l’hôtel et on n’ose plus en sortir.
Le lendemain, nous déposons nos demandes de visa à l’ambassade du Turkménistan. L’agent nous apprend que le délai est de 7 jours… 7 jours à attendre… Ça risque d’être long dans cette ville qui nous déstabilise !
Adel nous avait parlé de forêts paisibles au bord de la mer Caspienne. Sans hésitation, nous montons à bord du premier bus et quittons la capitale infernale direction la province de Mazandaran, au Nord de l’Iran. Nous allons ainsi visiter les villes d’Amol, de Babol et de Sari.
Départ pour le Nord de l’Iran et découverte de la mer Caspienne : visiter Amol
Nous traversons la chaîne de montagnes au Nord de Téhéran et découvrons une station de ski iranienne. Nous qui pensions que l’Iran était un immense désert de sable, nous voici à Chamonix ! Munis de chambres à air géantes, certains dévalent les pentes en bord de route à toute vitesse. Les plus fortunés ont des skis et montent tranquillement à l’aide des remontés mécanique vers les pistes réglementaires.
Le bus continue sa route. De l’autre côté des montagnes, le paysage est beaucoup plus vert. Nous croisons de nombreux arbres fruitiers : des orangers, des clémentiniers, même des kiwis ! Ici le climat est beaucoup plus doux. Adieu les -15 degrés de Tabriz, à Amol il fait 10 bons degrés.
Arrivé en périphérie d’Amol, le contrôleur du bus nous demande à quelle station on souhaite s’arrêter. On a une adresse chiffonnée sur une feuille mais on ne sait pas la situer sur une carte.
L’homme assis devant nous se retourne pour nous aider. Il regarde notre papier et, tout d’un coup, fait arrêter le bus. Visiblement, nous venions de passer notre arrêt. Nous descendons à toute vitesse avec nos sacs et découvrons que l’homme nous a suivi. Dans la foulée, il arrête un taxi et nous invite à monter. Nous tentons de lui expliquer que nous ne souhaitons pas prendre de taxi, mais l’inconnu insiste et monte avec nous. Il donne des instructions au conducteur et nous voici partis pour une direction inconnue. Pendant une dizaine de minutes, nous roulons à toute vitesse dans des petites ruelles. Quand le taxi s’arrête enfin, l’homme nous fait signe de sortir. Alors que nous récupérons nos sacs, il paye la course, appuie sur la sonnette de l’immeuble et repart aussitôt.
Nous n’avons pas le temps de le remercier.
Une jeune femme nous appelle depuis une fenêtre. C’est Faranak, celle qui a accepté de nous héberger en couchsurfing à Amol. Elle descend à toute vitesse et nous souhaite la bienvenue en français ! Elle prend des cours depuis 2 ans et elle est très heureuse de pouvoir s’entraîner avec nous.
Faranak habite encore chez ses parents. Mais elle est ultra indépendante et pleine de vie. Une pile chargée à bloc. À peine arrivés, elle insiste pour nous amener au milieu de la “jungle“, non loin du village où son père a grandi. Nous voilà embarqué pour une après-midi hors du commun.
Alors qu’on s’attend à découvrir un endroit sauvage, on découvre en fait une forêt où les gens viennent pique-niquer en familles. La route se termine par un parking à l’entrée d’un village qui paraît abandonné. Les maisons sont vieilles, rustiques, on a l’impression que le temps s’est arrêté ici.
Faranak nous amène chez une amie qu’elle a rencontré lors d’une précédente promenade. Elle habite avec son père, son frère, leurs vaches, poules et dindons. C’est une ferme comme il en existait autrefois chez nous en France, une exploitation modeste qui permet tout juste de faire vivre une petite famille.
Mais les fermiers ne dérogent pas à la tradition de l’accueil iranien. On nous offre le thé traditionnel préparé avec un samovar, accompagné de noix et du délicieux fromage fait maison.
Réunis dans l’unique pièce de vie de la maison, on a la sensation de vivre un moment privilégié. Aucun touriste n’était jamais venu ici avant nous.
Le soir même, Faranak souhaite absolument nous présenter à son professeur de français, monsieur Falah. Celui-ci est professeur de français depuis plus de 20 ans mais c’est seulement la deuxième fois qu’il rencontre des Français avec qui il peut parler ! Nous passons donc la soirée à converser en français avec en fond sonore le son de la télévision… Questions pour un champion sur TV5 monde 🙂
Roadtrip improvisé au bord de la mer Caspienne : découverte de la province de Mazandaran
Le lendemain nous quittons Amol pour parcourir le rivage de la mer Caspienne. La route côtière est assez surprenante. Sur notre gauche, les montagnes verdoyantes nous surplombent. Sur notre droite, nous devrions voir la mer caspienne mais la vue est gâchée par d’innombrables résidences de vacances en béton. La côte sauvage a totalement disparu.
Nous effectuons notre premier arrêt au parc de Nur. Un gardien arrête notre taxi et lui demande de payer le droit d’entrée. Puis, il nous remarque assis à l’arrière.
« -Vous êtes touristes ?
– Oui, on est français ! »
Le garde sourit alors et dit fièrement « Zinedine Zidane ! ». Puis, il lève la barrière et nous laisse passer gratuitement.
Plus nous roulons, plus l’idée que nous avions de la côte de la mer Caspienne s’évanouie. Nous imaginions des petits villages de pêcheurs, de belles plages et la mer bleue. Au lieu de cela, nous voyons défiler des parcs d’attractions défraîchis, fermés pour l’hiver, des hôtels en construction et de grandes villas.
Nous terminons notre virée par le Téléphérique de Namakabroud qui monte jusqu’en haut de la montagne. Malheureusement, le ciel gris et la brume ne nous permettent guère de profiter de la vue.
La mer Caspienne n’est décidément pas faite pour nous…
Notre périple s’achève à Sari, le chef lieu de la province du Manzandaroni.
La cuisine iranienne nous réserve des surprises
Après notre séjour dans la famille de Faranak, nous prenons un taxi pour aller à Sari chez un autre couchsurfer. Sur la route, nous nous arrêtons dans un petit restaurant. On nous sert le plat unique : de la viande en sauce accompagné de galettes de pain.
On essaye de savoir de quoi il s’agit. Personne dans la salle ne parle anglais mais tout le monde nous fait signe que c’est délicieux. Le goût est étrange mais la faim l’emporte et nous avalons tout le contenu de notre assiette. Nous apprendrons plus tard qu’il s’agissait de jaghoul baghoul : du foie et du poumon de mouton…
Suite à cette expérience culinaire plutôt spéciale, Clo propose à notre couchsurfer de préparer un repas plus familier pour nos palais occidentaux : des spaghettis bolognaise et des crêpes. Il ne reste plus qu’à trouver les ingrédients.
Cette mission, d’ordinaire très simple, s’avère ici bien plus compliquée car nous ne parlons pas farsi et les gens ne parlent pas anglais. Une petite fille vient alors nous demander : « Do you need help ? ». Nous lui expliquons notre problème, elle se tourne vers sa mère, lui parle en farsi puis nous fais signe de les suivre jusqu’à leur voiture. Nous voilà alors embarqué dans un petit roadtrip improvisé. On trouve finalement une petite supérette. On descend de la voiture et on les remercie chaudement de nous avoir aidés. Mais la dame descend avec nous et nous accompagne pour s’assurer que nous trouvons bien tout ce que nous souhaitons. Il manque la viande hachée. Elle nous demande de remonter dans la voiture, et nous roulons jusqu’au boucher. On les remercie une nouvelle fois pour leur aide précieuse. La liste est maintenant complète, nous pouvons rentrer. Mais ils insistent pour que nous remontions en voiture pour pouvoir nous déposer au pied de notre immeuble.
Au bout du compte, cette petite famille a offert une heure de son temps pour pouvoir aider de parfaits inconnus complètement perdus. Cette petite aventure nous a permis de finir notre périple près de la mer Caspienne sur une bonne note.
Finalement, le plus important dans un voyage ce n’est pas peut être pas la visite des monuments, le confort de son hôtel, ni même la couleur du ciel. L’essentiel, ce sont les rencontres.
Visiter la province de Mazandaran au Nord de l’Iran : Amol, Babol et Sari, que voir ?
Finalement, notre semaine dans le Nord de l’Iran nous a permis de visiter de nombreux lieux intéressants mais aussi, et surtout, nous a permis de rencontrer des personnes bienveillantes et accueillantes. Que visiter dans la province de Mazandaran ?
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Visiter Amol :
Lors de notre séjour à Amol, nous avons visité le musée d’Histoire d’Amol (History museum of Amol). Le musée semblait intéressant mais il n’y avait aucune inscription en anglais pour donner des explications du coup notre visite était rapide ! Juste à côté du musée, il y a le pont Darvazeh Pelleh, un pont en brique qui date du 18ème siècle.
Nous avons également visité le Fire Temple of Amol (Atashkadeh Amol) qui est une construction qui date de la période sassanide (entre 226 et 651). Muhammad ibn Mahmud al-Amuli, un physicien du 14ème siècle, y est enterré.
La tombe de Mir-i Buzurg vaut également le détour. Mir-i Buzurg a régné au 14ème siècle.
Ne manquez pas la tombe de Mir sayyed Heydar Amuli, un philosophe du 14ème siècle.
Enfin, les tours Hashtal sont à 5km d’Amol, sur la route de Babol. Cet ensemble de 5 tombes est également un lieu historique important.
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Visiter Sari :
Sari est la capitale de la province de Mazandaran et fut brièvement la capitale de l’Iran.
L’un des quartiers les plus anciens de Sari est le quartier de Abanbar-e-no. Dans les petites ruelles étroites, on peut voir de nombreuses maisons historiques faites de bois et de briques.
Non loin du rond point avec la tour de l’horloge (The Clock Square – Meydan-e-Sa’at) vous pouvez visiter la maison historique de Manouchehr Khan Kolabadi. Cette maison qui a près de 200 ans est devenue le musée de la ville de Sari. Le Hamam historique de Vaziri (Vasir-e Hamam) est situé juste derrière la maison. Vous pouvez aussi visiter la maison Amir Divan (Ramedani House).
Ne manquez pas l’ancien réservoir à eau Ab Anbar Nou, un réservoir à eau traditionnel.
La province de Mazandaran est vraiment une région très riche d’Iran du coup c’est difficile de tout visiter en quelques jours.
Dans les environs de Sari, on peut visiter Badab-e Surt (un site naturel qui ressemble à Pamukkale en Turquie), et les grottes de Huto et Kamarband (c’est là que des traces de vie qui datent de plus de 70 000 années ont été découvertes).
À bientôt
Clo & Clem
6 commentaires
Waaaa c’est impressionnant !!!! Moi j’aurais peur de monter dans une voiture comme ça mais c’est tellement fou leur gentillesse !!!
Salut Clo&Clem ! Je découvre votre blog et je sens que je vais devenir une fidèle lectrice ! J’aime beaucoup votre dernière phrase, vous avez entièrement raison ! Une simple rencontre peut changer le cours du voyage et la vision qu’on a d’un endroit… Nous l’avons constaté plus d’une fois lors de notre tdm ! Je vous souhaite de faire encore plein de belles rencontres comme celle-ci ! Bon voyage !
comme je vous envie mais je suis très heureuse pour vous de ces belles expériences humaines!
Il est vrai que nous Européens sommes toujours très surpris de leur générosité, de leur sens de l’accueil et de la mise à disposition de leur temps.
Je vous souhaite une très belle continuation dans votre voyage!
C’est vraiment « magique », la confiance que vous dégagez… Quand je dis que les gens positifs ne peuvent croiser que d’autres personnes positives : vous en êtes la preuve ! J’attends la suite de vos aventures, vous me faites rêver…. c’est MAGIQUE !!!
Bonjour ! J’entame moi aussi cet hiver un voyage autour de la mer Caspienne, à partir de l’Iran. J’espère que vous me conseillerez, car étant une femme seule (très résistante cependant), il faut vraiment que je sois bien préparée. Mon blog : https://voyagesautourdeseaux.blogs.ouest-france.fr/ .
Cordialement,
Jeanne V;
Bonjour Jeanne 🙂
C’est un superbe projet de voyage et une région magnifique. N’hésite pas à nous contacter si tu as des questions (on est pas très rapide à répondre mais si on peut t’aider, on le fera avec plaisir !)