Fin Décembre dernier nous avons décidé d’aller en Écosse pour faire le très célèbre trek de la West Highland Way. Nous avions eu du mal à trouver des informations à ce sujet. La raison est simple : personne ne planifie de parcourir la West Highland Way en hiver ! Et encore moins en dormant sous la tente. Ou alors des fous, comme nous, ou vous 🙂
Nous devions aller en Ecosse cet été mais avons dû repousser notre voyage. Finalement, juste après Noël, nous avons décidé de préparer nos sacs à dos direction le premier bus pour Glasgow.
Glasgow, Jour 1 : départ pour Tyndrum.
Nous découvrons en arrivant à Glasgow qu’à 10h du matin il fait encore sombre. Les nuits en hiver sont extrêmement longues, et les journées très courtes. Le temps est gris, mais il ne pleut pas. En vérifiant la météo, on apprend que du mauvais temps est prévu pour la fin de la semaine. Si nous voulons éviter la neige et températures négatives, nous devons absolument écourter notre trek.
Normalement, la West Highland Way se fait en 7 jours. Or, nous avons 5 jours de « beau » temps devant nous. Comme le début du trek se passe essentiellement dans la forêt (de Milngavie à Tyndrum) , nous avons décidé de commencer le notre à Tyndrum, là où débute réellement les Highlands. Après avoir fait quelques courses, nous prenons donc un bus à Glasgow pour Tyndrum.
Nous arrivons à Tyndrum vers 16h00 mais il fait déjà nuit. Munis de nos lampes torches, nous commençons le trek à la recherche d’un emplacement pour notre tente. Le camping sauvage est autorisé Écosse, sauf indications contraires. À la sortie de la ville, nous trouvons un emplacement parfait à droite, juste au dessus d’une rivière. Que l’aventure commence !
Jour 2 : De Tyndrum à Inveroran (14km), que le trek de la West Highland Way commence !
Nous prévoyons de marcher ~4 heures/jour.
Nous commençons notre marche sous la pluie. Mais heureusement, nous sommes bien équipés 🙂
Le temps se dégage lentement sur la West Highland Way, et, une fois les nuages partis, c’est un paysage à couper le souffle que nous découvrons sous nos yeux. C’est donc ça les Highlands ? De magnifiques collines dorées à perte de vue.
Lors de cette première journée, un troupeau de vaches Highland décide de se joindre à nous. Une trentaine de vaches avec des énormes cornes, on ne fait pas les malins… Sur les hauteurs, ce sont les moutons qui nous surveillent.
Jusque là, le chemin est en descente. C’est une marche agréable sans aucune difficulté. Nous marchons lentement pour profiter du paysage. Nous sommes dépassés par deux autres trekkeurs : deux Allemands qui, tout comme nous, sont venus tenter la West Highland Way en hiver. Après Bridge of Orchy, les choses se compliquent. Cette première montée à travers la forêt nous semble interminable. Mais une fois en haut, la vue sur le lac efface tous nos efforts. Pendant que nous faisons des photos, les deux Allemands arrivent complètement essoufflés. Ils avaient fait leur pause déjeuner à Bridge of Orchy. L’un des deux a particulièrement souffert et, pâle, il peine à reprendre son souffle. Inquiet, nous lui demandons si ça va. Ils n’ont que 3 jours pour faire le même trajet que nous, et doivent absolument accélérer s’ils ne veulent pas prendre trop de retard.
Nous terminons notre journée à Inveroran. Malheureusement, le point de camping aménagé près de la rivière est inondé. Nous devons donc continuer notre marche à la recherche d’un emplacement plus en hauteur. Finalement, nous décidons de nous installer sur une butte à l’abri sous quelques grands pins.
La tempête la plus violente depuis 20 ans vécue sous la tente
Le vent se lève peu à peu au moment où nous installons notre tente. Au départ nous nous disons : « Chouette, ça va sécher la tente ! ». Puis, le vent souffle de plus en plus violemment. Heureusement, nous avons gardé notre téléphone allumé, et notre connexion internet fonctionne. Clem vérifie la météo : ALERTE de tempête sur l’Écosse. Quand on avait regardé la veille, ils avaient annoncé de la pluie mais pas de vent. En allant sur le site de la BBC nous pouvons suivre la météo heure par heure à l’endroit exacte où nous nous trouvons. Ce sont des vents à plus de 120km et de la pluie abondante qui nous attendent durant les prochaines heures.
Sans hésitation, nous décidons de déplacer la tente. Pas question de rester sous des pins avec un tel vent ! Mais très vite nous nous rendons compte que nous sommes encerclés de marécages. La nuit commence à tomber et nous ne voulons pas reprendre la route alors que la météo se dégrade à une vitesse folle. Nous n’avons pas le choix, nous devons rester dans le coin. Nous décidons de nous installer en lisière de forêt, au pied d’un gros bouleau aux racines bien implantées.
Nous avons acheté notre tente pour le Groenland et n’avons jamais eu l’occasion de la tester pour sa solidité ni pour son imperméabilité.
Toute la nuit, le vent, extrêmement violent, plie la tente contre nous. Nous essayons de nous rassurer comme nous pouvons et, fatigués, nous finissons par nous endormir.
Le lendemain matin nous découvrons les dégâts de la tempête : le lac a débordé, inondant des dizaines d’arbres aux alentours. Heureusement, aucun arbre n’est tombé près de notre campement.
Par contre, une grande flaque d’eau s’est formée entre notre tente et la bâche qu’on a placé en dessous. Nous avons l’impression d’avoir installé un matelas à eau dans la tente ! Heureusement, aucune de nos affaires n’a pris l’eau. L’intérieur de la tente est resté au sec.
Nous levons notre campement soulagés, prêts pour une deuxième journée.
Jour 3 : De Inveroran à Kingshouse (16km)
Étrangement, nous ne sommes ni fatigués, ni démoralisés. Le vent finit par chasser la pluie, et, toujours motivés, nous reprenons la route du West Highland Way pour Kingshouse.
Le paysage est encore plus beau. Nous avons l’impression d’être de retour au Groenland, en Nouvelle-Zélande, ou d’être au Canada. Ce ne sont plus des collines qui sont en face de nous, mais des montagnes enneigées.
Nous croisons un troupeau de cerfs. Là, ici et maintenant, c’est comme si le temps s’était arrêté. Nous sommes déconnectés de tout, et la nuit courte de la veille est très vite oubliée.
Au loin, quelque chose au sol attire notre regard. C’est la housse imperméable du sac à dos d’un des Allemands. Ils sont passés par là mais nous n’avons absolument aucune idée de l’endroit où ils ont pu passer la nuit. Nous espérons seulement qu’il ne leur ait rien arrivé de grave. Clo range la housse dans son sac à dos, et nous continuons notre randonnée.
Le temps change très rapidement en Écosse. L’éclaircie du début de journée est vite chassée par le vent toujours très puissant. Elle est remplacé par une pluie fine, puis très intense. Heureusement pour nous, nous avons le vent dans le dos. Nous arrivons à Kinghouse complètement trempés. Là encore, l’emplacement réservé au camping est inondé. Nous devons continuer notre marche à la recherche d’un nouvel emplacement. Malgré la difficulté du moment, notre moral est resté bon : nous étions préparé à ces conditions.
Un kilomètre après Kinghouse, nous retrouvons les Allemands qui ont installé leur campement sur la gauche du chemin. Nous nous installons à quelques mètres d’eux. Nous installons la tente comme nous pouvons malgré la pluie incessante. Au moment où nous finissons de nous installer, la pluie finit par cesser, le ciel se dégage et nous pouvons enfin voir nos première étoiles.
Jour 4 : De Kingshouse à Kinlochleven (14km), la montée la plus difficile de la West Highland Way
Nous constatons au réveil que tout est gelé : nos chaussures mouillées, laissées à l’extérieur de la tente, se sont transformées en glaçons.
Les températures ont étés négatives cette nuit, et pourtant, emmitouflés dans nos sacs de couchage, nous n’avons pas eu froid.
Dehors, les montagnes sont blanches. Le soleil se lève doucement, et le paysage est à couper le souffle.
Les Allemands sont encore là. Nous allons leur rendre leur housse de sac à dos. Le plus faible des deux nous explique qu’ils abandonnent. Ils vont prendre un bus jusqu’à Fort William. Nous sommes désolés pour eux.
Nous levons le campement et attaquons cette nouvelle journée sur la West Highland Way. Le ciel est bleu, le soleil nous chauffe agréablement le visage. C’est le temps parfait pour l’ascension du Devil’s Staircase ! Le Devil’s Staircase est une montée abrupte. Nous ne sommes pas seuls à s’y frotter. D’autres Écossais montent en même temps que nous. Ils sont intrigués par nos gros sacs à dos. Nous leur expliquons que nous faisons le trek de la West Highland Way en autonomie. Ils sont étonnés : « Vous êtes fous de faire ça en hiver ! ».
Le temps se dégrade soudainement. De gros nuages gris passent par dessus les montagnes. Il commence à neiger ! Nous devons accélérer le pas si nous ne voulons pas passer la journée sur cette montée. Certaines personnes font demi-tour. Nous continuons.
Arrivés en haut, nous prenons rapidement quelques photos avant de continuer notre chemin : la route jusqu’à Kinlochleven est encore longue.
Au loin, on aperçoit le Loch Eilde Mor. La descente jusqu’au village est interminable mais nous finissons par arriver, fatigués. Nous passons devant la Ice Factor où se trouve l’un des plus grands murs de glace pour l’escalade. Contrairement aux autres « villages » , Kinlochleven reste animé même en hiver : il y a un supermarché, et des pubs pour boire une ou deux bières. un peu de réconfort : parfait pour finir la soirée 🙂
Jour 5 : De Kinlochleven à Fort William (24km)
C’est la plus longue des étapes, entre 6 et 8h de marche !
Comme tous les soirs avant d’aller se coucher, nous étudions la carte et la topographie du terrain. Alors que nous nous attendions à une route plate, nous constatons que le parcours va être vallonné. Et on débute dès le départ avec une belle montée au dessus du village. Grâce à nos précédentes journées, nous sommes habitués à marcher et, cette énième montée n’a rien de difficile.
Nous marchons ensuite dans la vallée de Glen Nevis et passons devant des maisons abandonnées. L’isolement et le climat ont fait fuir les habitants. Plus nous nous approchons de Fort William et moins le paysage est intéressant. Les immenses forêts indiquées sur la carte ont été complètement rasées, remplacées par d’immenses bourbiers fouettés par le vent.
La nuit finit par tomber et nous ne sommes toujours pas arrivés. Nous allumons notre lampe frontale pour pouvoir suivre le chemin dans ces paysages devenus inquiétants. Les premières lueurs de la ville apparaissent tout d’un coup. Nous y sommes !
Après avoir passé la nuit à l’entrée de Fort William, nous profitons de la matinée pour prendre un copieux petit déjeuner en ville. En début d’après-midi, un bus nous ramène déjà à Glasgow.
C’est là que s’achève notre incroyable aventure à travers le West Highland Way. Les paysages valent vraiment le détour, et nous sommes heureux d’avoir réussi 🙂
Préparer son sac à dos pour un trek en Ecosse en hiver :
La West Highland Way est praticable toute l’année et elle est bien balisée. Les chemins sont entretenus, mais il faut vraiment bien s’équiper si vous comptez faire ce trek en hiver.
Voici la liste de notre matériel :
Equipement camping :
- une tente imperméable avec une bâche
- un matelas
- un sac de couchage allant à -10° de confort
- un drap thermolite pour l’intérieur du sac de couchage
- un coupe vent pour le gaz
- une bouilloire – des couverts
- un thermos
- gourde
- plusieurs briquets
- lampes frontales
- couteau
Affaires personnelles :
- coupe vent
- une polaire technique
- des chaussettes (plusieurs paires pour pouvoir changer si les chaussures prennent l’eau)
- des chaussures imperméables – Nous avons des Lowa Renegade depuis bientôt 4 ans, c’est le meilleur investissement qu’on ait fait !
- deux pantalons de randonnée hiver
- un collant chaud – même pour les hommes
- 3 t-shirts thermiques
Nourriture :
- Nous avons choisi d’acheter des plats déshydratée : comme ça on faisait chauffer uniquement de l’eau dans la bouilloire donc pas besoin de faire de vaisselle.
- Des barres de céréales
- des pâtes de fruit
- thé – café
- Nous avons pris des compotes
- Et du fromage 😀 (pour le plaisir, car sous la tente le soir ça n’était pas toujours funky)
Pour avoir plus d’infos sur le matériel pour faire un trek en autonomie, voici un article plus complet : https://cloetclem.fr/groenland-preparer-trek-en-autonomie-liste-complete-notre-materiel/
On espère vous avoir donné envie de sauter le pas 🙂
Si vous avez des questions, n’hésitez surtout pas !
À très bientôt pour une nouvelle aventure.
Clo & Clem
26 commentaires
Quel beau trek, votre récit donne envie et les photos sont superbes !
Merci <3 Franchement il n'est pas si difficile, on le conseille vivement ! 🙂
Avec ces couleurs d’automne, je trouve ces paysages très beaux !
Je trouve que les couleurs d’automne contribuent à la beauté du paysage 🙂 Si le paysage était tout vert, je ne sais pas si on aurait autant apprécié :p
Incroyable je pense qu’on s’est croisés à kingshouse ! On a juste marche vers Brisge of Orchy mais c’était la matinée après la neige. Un dimanche je pense ?
Bref.
Vous êtes bien courageux de camper en hiver mais c’est intéressant de voir que c’est possible si bien équipés.
La descente vers kinlochleven est un de mes pires souvenirs en effet. L’impression de jamais voir le bout.
Merci !
Nous étions à Kingshouse vers le 30 décembre 🙂
C’est exactement ça pour la descente, elle n’a rien de difficile au final mais qu’est-ce que c’était long…
Pour le camping en hiver, aucun soucis, on n’a pas eu froid, même la nuit où il a gelé dehors. Avec du bon matériel c’est même un plaisir ! 🙂
Mission accomplie, vous m’avez donné très envie d’aller faire un tour sur ce très beau chemin de randonnée. L’Ecosse et les Highland me font de l’oeil depuis un petit moment déjà. Respect pour l’avoir fait en plein hiver ! mais j’ai petite question. Y-a-t il moyen de s’héberger sans camper sur le West Highland Way ?
En été sans aucun soucis: à chaque étape il y a des auberge 🙂 Mais l’hiver ces auberges sont fermées (on y a été en plein pendant les fêtes de fin d’année c’est peut-être pour ça). 🙂
Ouaou! je suis impressionnée par ton article.
Les paysages sont incroyables, et la randonnée devait l’être également.
J’imagine l’ambiance de la tempête, ça devait être assez étrange!
Sous la tempête il y avait ce mélange de peur et de fascination (un peu plus de peur quand même :D). Maintenant qu’on sait que la tente tient bien, ça ne nous fera plus autant peur 🙂
J’ai découvert ce chemin de rando avec vos photos et votre aventure et je suis ravie de lire l’article « bilan ». Heureusement que la tempête ne vous a pas posé trop de soucis, je n’imagine même pas le stress sous la tente… En tous cas, bravo, vos photos sont magnifiques et donnent envie d’y faire un tour aussi !
Le livre que nous n’aurions jamais dû acheter 🙂 Merci pour toutes les précisions, j’ai mis un petit post-it sur cette randonnée depuis un moment déjà. Peut-être pour l’année prochaine mais pas en hiver, vous me donnez froid sur les photos 😉
Ce livre est une vraie source d’inspiration pour nous 😀
Une fois bien équipé c’est quand même bien en hiver 😀
Merci pour ces super conseils et les photos juste magiques!! Je pars bientôt là bas voir une amie, ça me donne plein d’idées du coup!! 😉
Bon voyage !! 🙂
Yep mais en mai!
Magnifique récit et photos ! ça donne envie mais le avec le froid en moins haha.
Je trouve la qualité de vos photos vraiment exceptionnelles! Quel appareil aviez vous pour ce trek? (je croise les doigts pour que ce ne soit pas le 5d mark II ^^ mais ça n’a pas l’air sur la photo). J’en cherche un moins gros qu’un réflex mais tout aussi bien… Alors j’ai hâte de savoir lequel est le votre 🙂
Hate de pouvoir relire d’autres nouveaux articles 🙂
a bientot les amoureux!
Ah ah on va te décevoir, c’était bien avec la 5D mark II 😀 on avait un GH4 (plus petit, moins lourd) mais il ne nous a pas convaincus pour la vidéo (l’image faisait trop caméscope), donc on l’a revendu.
Quelle expérience !
j’y vais en mai! seule… bon ça devrait le faire. par contre le fait de raccourcir à cause de la partie boisée je n’y avais pas pensé. donc on gagne 2 jours… pas bete ,ça me laissera plus de temps pour le road trip ensuite.
j’avais cru comprendre qu’il y avait des restrictions de camping c’est quoi ?
sinon j’ai la même bible que vous « randos autour du monde » avec donc au programme le highway et pour cet été le john muir
au programme en mai jusqu’à Cape Wrath,
merci pour ce petit CR qui donne envie….
Wow, bravo, je suis admirative ! Je n’ai jamais osé sauter le pas, j’ai peur que le sac à dos de plus de 10kg soit trop lourd à porter pour moi, et mon copain s’est blessé l’année dernière sur un trek de 5 jours… Mais vos photos, accompagnées votre bonne humeur et motivation constantes, me donnent tellement envie !
Merci pour ce récit, à vous lire je trouve ça magnifique (les paysages hein… quoique les mésaventures aussi), mais surtout facile?!
Comment faites vous pour faire un trek en solo sans guide? jusqu’à présent je n’ai marché qu’avec des guides dans le cadre de séjours d’1 ou 2 semaines.
Comment fait-on pour se préparer pour un trek en solo, avec sac à dos, tente, et carte?
J’ai du mal à comprendre comment on identifie le bon sentier… J’adore marcher, le plus longtemps possible, mais j’ai un sens de l’orientation inexistant.
Comment faire??
Ce trek à l’air super ! ça donne envie et les photos sont magnifiques 😉
Alors là grand respect. J’ai fait ce trek avec un très beau temps, et c’était déjà pas évident. Je n’aurai jamais osé le faire en hiver en autonomie, chapeau 🙂
Super article et magnifiques photos. Je vous ai listé sur mon site, afin que les visiteurs curieux en sachent plus sur cette région magnifique. Bien à vous.