On ne sort pas indemne d’un long voyage.
“Partir c’est quitter son cocon, ouvrir ses ailes et s’envoler. C’est s’apercevoir qu’on n’est pas les seuls sur la planète, qu’on ne sait pas tout comme on le pensait. On devient humble, plus tolérant, un peu plus intelligent.” Pierre Fillit
Il faut toujours se méfier des lieux communs. C’est certainement l’enseignement le plus important qu’on a appris de ce voyage. Pourtant, il en existe un qui persiste dans notre tête sans qu’on ne parvienne à établir sa véritable valeur. Le voyage au long cours change-t’il une personne ?
Ça fait plus de 2 ans qu’on a tout quitté pour se consacrer à notre passion. Et ce sont sans nul doute les deux plus belles années, les plus intenses et les plus intéressantes depuis notre naissance. Chaque jour est un défi, une découverte. Faire face quotidiennement à l’inconnu, c’est une sacrée expérience de vie ! Mais, pour autant, est-ce qu’on a été transformés par cette aventure ?
Le voyage, révélateur d’âmes
Sans même le savoir on est parti avec de nombreux préjugés en tête. Et au fur et à mesure qu’on s’enrichit d’aventures et de rencontres, on se rend compte à quel point notre vision du monde est erronée.
On vit dans une société où l’inconnu fait peur, où l’ailleurs c’est dangereux. On finit par s’y habituer, s’y accommoder et on ne s’en rend même plus compte. On est tous conditionnés, et dès notre plus tendre enfance on nous éduque de manière à effacer nos personnalités pour mieux s’intégrer dans une société où le bonheur est assimilé à la “réussite” par la richesse. Fais des études, travailler, fonder une famille. Rares sont ceux qui sortent de ce schéma.
Lorsque nous sommes partis, nous pensions nous connaître, connaître l’autre, nous connaître nous-mêmes. Nous pensions connaître nos envies, nos goûts, nos limites. Mais en réalité, ceux que nous pensions être n’était qu’une infime partie de nous-mêmes.
Les kilomètres se sont additionnés à notre compteur et, peu à peu, nous sommes devenus des nomades de la route. Loin du tourisme de masse, des vacances reposantes au soleil, des sentiers battus transformés en autoroute, nous sommes devenus des vagabonds, des voyageurs. Durant ce périple nous avons été confrontés à des moments difficiles. Mais nous avons puisé dans nos ressources pour avancer, nous avons explosé nos limites.
Un homme malveillant a suivi Clo alors qu’elle allait aux toilettes sur une aire d’autoroute désaffectée en Iran. Seule face à lui, elle a dû l’affronter. Elles s’est surprise elle-même lorsqu’elle s’est jetée sur lui pour le frapper.
Avant de partir elle avait peur de tout. Après cette mésaventure, elle a compris à quel point elle était forte.
Partir, se retrouver dans des difficultés, ça permet de trouver/retrouver confiance en soi. ça permet de grandir.
On voyage pour changer non de lieu mais d’idées
On nous préviens sans cesse. “Trop bon, trop con”. Ne donne jamais trop aux gens, parce qu’après ils vont profiter de toi. Tu donnes le doigt, on te prend le bras. L’altruiste à tort, l’égoïste a raison.
Durant tout ce voyage, on a rencontré énormément de personnes qui, sans même qu’on ait eu à demander, nous ont aidé sans jamais attendre un retour.
Nous avons ouvert les yeux.
Beaucoup nous ont ouvert les portes de chez eux, nous ont offert le gîte, le couvert. Et nous n’avons jamais vu de sourires aussi sincères, aussi vrais.
Nos préjugés sont tombés un à un. L’autre n’est pas le mal et, partager, échanger avec lui, rend heureux.
Les journaux contribuent à cette mauvaise image qu’on a de l’autre, de l’étranger, en ne véhiculant que des informations négatives. Tueries, attentats… Alors qu’en réalité ce sont des événements rares, et les gestes d’altruisme sont des actions quotidiennes auxquelles, obnubilés par les mauvaises nouvelles, nous n’accordons plus aucune importance.
En voyageant on s’est rendu compte que finalement le danger n’était pas là où on l’attendait. Le danger c’est quand on s’enferme. S’ouvrir aux autres, donner, c’est la base du bonheur, de la sécurité, de la confiance.
25 ans pour savoir qui je suis, pour savoir qui je veux devenir.
Aujourd’hui, on le sent, nous ne sommes plus les mêmes. Est-ce que nous avons changé ou est-ce que nous nous sommes libérés ? Probablement les deux. Voyager ne nous rend pas meilleur, mais ça peut ouvrir l’esprit et libérer notre vraie personnalité.
Un voyage au long cours est une claque. On n’en sort pas indemne.
La suite de notre voyage
Nous sommes de retour France.
Pourquoi ?
Pour une raison simple, Clément a eu 30 ans, il voulait fêter ça avec sa famille. Notre contrat vient de s’achever, et au lieu de retourner en Australie pour travailler 1 ou 2 ans, nous avons décidé de revenir en France pour être près de nos proches et travailler quelques mois.
Après ces nombreux mois à parcourir le monde, à ouvrir les yeux sur ce qui nous entourait, on a compris ce qui n’allait pas dans notre pays. Notre société est malade, notre société est en déprime et ne cesse de sombrer.
Nous sommes partis avec un mal-être, la sensation de ne pas appartenir à cette société, de ne pas savoir ce qu’on faisait réellement sur Terre. Nous sommes partis avec beaucoup de questions.
Les questions sont toujours là, mais elles ne nous torturent plus. Le mal-être a totalement disparu et, au contraire, voyager nous aura apporté sérénité et foi en l’être humain.
Maintenant on a envie de commencer de nouveau projets, aider à notre tour.
Ce n’est pas la fin, c’est le début 🙂
On vous donne des nouvelles très bientôt !
Clo & Clem
20 commentaires
Un bel article, un beau témoignage !
Merci pour cet article, j’aime beaucoup !
Je suis en Lituanie depuis 11 mois où je fais un volontariat dans la radio d’une école. Et même s’il est vrai que je n’ai pas eu le souci du “où dormir demain?”, je pense également que c’est une aventure qui m’aura permis de me reconcentrer sur moi-même et de mettre des mots sur ce que je voudrais faire ou ce que je pourrais être. Ce voyage m’aura permis d’ouvrir un peu les yeux sur moi-même et sur les autres. Et même si je me sens toujours “incomplète” parce que je veux en voir plus et que je veux continuer de partir à la rencontre des populations, je sais que je suis réceptive aux changements et qu’ils m’apportent beaucoup. J’ai rencontré des gens formidables que beaucoup décrivent comme stupides et froids, parce que les lituaniens sont des natures plutôt introvertis. Mais ils me sont toujours venus en aide, à moi, une totale inconnue, et même dans les situations les plus farfelues ! Et mes dernières rencontres et expériences m’ont prouvé à quel point j’avais évolué dans l’appréhension de l’inconnu.
Dans une semaine, je repars en France, une idée qui ne me plaisait pas vraiment. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de nouvelles idées, et je sais maintenant que je n’ai pas à me cantonner au schéma “études, travail, famille”, comme vous le dites. Et ça déplaira, mais je pense que c’est cette voie qui permet de nous construire.
Dans tous les cas, merci beaucoup pour le partage de votre expérience, ça permet de mettre des mots sur ce que l’on ne sait pas toujours exprimer. Je vais faire en sorte, à mon tour, de continuer à vivre de ces découvertes culturelles, et surtout de la rencontre de toutes ces personnes fabuleuses que l’on peut rencontrer plus souvent que l’on ne le pense.
Bonne continuation !
Un énorme MERCI Anne-Sophie pour ce retour d’expérience. C’est exactement ça !!! Merci !!
tres beau résumé. jespere que ton projet ira le plus loin possible. On peut te suivre ??
J’espère aussi, et j’ai rencontré beaucoup de personnes qui vont me permettre de continuer 🙂 Oui, je tiens un blog, un peu pour partager ce que j’ai vécu. Si ça intéresse…
https://iwriteyoufromlithuania.wordpress.com/
Exactement les mêmes questions, les mêmes préjugés, les mêmes envies qui nous ont poussé à partir et à revenir. Le voyage forme la jeunesse, comme on dit. Le voyage transforme. Les aventures construisent. Le quotidien et le système dans lequel on veut nous faire entrer nous tue à petits feux. Heureusement, il y a des personnes qui osent vivre autrement et qui témoignent, comme vous, que tout est possible. Nous n’avons qu’à ouvrir les yeux.
Bon courage pour le retour car ce n’est pas évident mais avec de grands projets dans la tête, la famille et les amis qui nous accompagnent, ça va beaucoup mieux. Je suis curieuse de connaître vos projets. En tout cas, merci de nous avoir fait partager vos aventures, vos découvertes. Bon retour et bonne continuation!
Hello,
Ça ne fait pas longtemps que je suis vos aventures qui me permettaient de m’évader un peu de mon quotidien, désiré, de maman au foyer en voyant vos belles photos et en lisant vos récits.
Je viens de lire ce “dernier” post et les larmes ont coulées parce que cela a fait écho en moi.
Merci pour tous ces partages et votre sincérité.
Bonne continuation !
Namasté <3
Merci beaucoup pour cet article plein d’espoir et de valeurs universelles. Voyager, partir à la quête de sens, donner un sens à sa vie, c’est sans doute le seul remède pour nos sociétés malades.
Vous êtes géniaux 😀 excellente mentalité !!!!!
C’est exactement ça voyager, c’est découvrir qu’on a encore tout à découvrir.
Les gens sont généreux, mais ils ont peur, peur de l’inconnu, et avec le temps, on finit par croire que le monde n’est que misère et malheur. Mais il suffit de faire un pas vers l’autre, pour s’apercevoir de la beauté du monde et de ses habitants !
PS : Welcome back !
Merci d’avoir trouvé les mots pour décrire ces sentiments que le voyage créé en nous !
Un voyage d’une telle ampleur, ça change la vie. Et avec une telle philosophie, le retour ne fait plus peur ! Je sais qu’un jour viendra on se sédentarisera quelque part, en France ou ailleurs, mais les expériences que nous vivons chaque jour nous font grandir et découvrir des façons de vivre qui nous attirent. En s’en inspirant, je sais que nous pourrons construire un “chez nous” qui découle de notre vécu de voyageurs.
Le voyage ouvre l’esprit et on finit souvent par se rendre compte que notre pays a aussi beaucoup à offrir…
Bon retour chez nous 🙂
Je suis entierement d’accord et je pense que vous, comme moi, ne sommes pas les seuls à ressentir ça 🙂
Nous sommes au milieu de notre voyage de deux ans, toujours sur la route, en mouvement. Il nous est encore difficile de mettre des mots sur ces changements qui opèrent peu à peu en nous.
Mais parmi tous vos mots qui font écho à notre ressenti j’ai noté ceux-là :
“Faire des études, travailler, fonder une famille. Rares sont ceux qui sortent de ce schéma.”
Et bien je crois au contraire que ce voyage nous a fait prendre conscience qu’ils sont plus nombreux qu’on ne le pense, ceux qui “vivent autrement”, ceux qui ont choisi une autre voie.
Nous avons découvert la communauté des voyageurs au long cours, ces doux rêveurs. Nous avons découvert des gens d’autres pays, d’autres cultures, pour qui oser semble plus naturel.
On est parti en se disant qu’on voudrait revenir, mais surement pour faire autre chose. Pas simple en France de vouloir changer. Mais maintenant on est convaincu que c’est possible. Rien n’est figé, tant de choses sont possibles. Et ça nous donne le sourire !
Alors bon retour en France et dans ces nouveaux projets. Que la route soit belle !
Merci beaucoup pour cet article et tous vos vidéos. Grâce à internet les jeunes ont la preuve que les voyages apportent beaucoup dans une vie. Je planifie aller en Australie dans 2 ans mais j’aurai 54 ans, vous n’avez sûrement pas vu beaucoup de gens de cet âge dans les auberges de jeunesse, mais j’ai envie de revivre ma vingtaine avant d’être trop vieille. Dans mon temps très peu de gens faisait des voyages d’aventure. Merci encore pour votre belle énergie.
C’est fou ce que l’on se retrouve dans votre article avec mon compagnon. De retour en France après un long périple, ce que vous écrivez j’ai envie de le crier à la face du monde tous les matins dans le métro, à mes collègues stressés, à mes voisins renfrognés… Mais croyez-moi tout le monde s’en fou. Soit vous saoulez tout le monde, soit on vous sort “Mais tu n’aimes pas la France, alors”. Si, si, nous aimons notre pays et sans avoir fait un tour du monde notre expédition d’un an au bout du monde nous a changés. Comme vous beaucoup d’inconnus nous ont aidés, cela à donné lieu à de belles rencontres, des instants magiques loin du bruit ou de la consommation.
N’ayez pas peur de revenir, tous le monde nous disait “c’est la crise, tu ne trouveras pas de boulot” et pourtant retour réussi, sans encombres, cdi à la clef, tout va bien et nous n’hésiterons pas à repartir car très rapidement ça manque.
Encore faut-il avoir les moyens de voyager.
Ou se les donner 🙂
Je partage complètement cette philosophie : l’homme est bon et le voyage nous ouvre les yeux. Très souvent les médias donnent des images déformées et négatives. C’est beau de voir que beaucoup de voyageurs ne sont plus aveugle face à cette générosité 🙂
Aidons nous nous-même et petit à petit le monde ira peut-être mieux ? Un pas après l’autre, et le voyage n’en est qu’un de plus.
Salut Clo et Clem,
J’avais posté votre article il y a un an sur mon fb avant de partir en voyage…
Fb me ressort ma publication une année plus tard. Je relis ce fameux article pour voir ce qui m’avait plu en lui et… il me parle toujours autant… Et peut être plus… Parce que je suis de retour, mais avec les mêmes craintes et impressions qu’avant mon départ et surtout, toujours pas prête à rester dans mon pays…
Par ce message, je voulais savoir ce que vous étiez devenus et ce que vous aviez concrétisé pour “aider à votre tour”.
J’espère que vous êtes toujours aussi heureux et j’espère aussi recevoir des nouvelles de votre part 🙂
Encore merci pour cet article.
Coucou Cate 🙂
Merci pour ce joli message ! Notre retour en France nous a montré que nous n’étions plus capable de nous réadapter à une vie “normale”. Depuis, nous nous sommes beaucoup renseignés sur les modes de vies alternatifs et nous avons découvert que nous étions loin d’être les seuls à penser comme ça. Nous avons donc décidé de continuer à vivre comme des nomades. Nous avons acheté un van et nous vivons dedans avec notre petit chat. Cela nous donne la possibilité de voyager comme nous le voulons, sans devoir payer un loyer inutile. Nous avons la possibilité de travailler en freelance ou de faire des petits boulots à droite à gauche quand nous avons besoin d’argent. Ca nous plait beaucoup.
On espère que tu trouveras également la vie qui te plait. Elle ne répondra peut être pas aux normes de la société mais le plus important c’est qu’elle te plaise 😀
Hésite pas à nous donner des nouvelles !
Clo & Clem