Vivre à Madagascar : j’ai passé toute mon enfance à Antananarivo…
Vivre à Madagascar c’est vivre sur une des plus belles îles au monde. Grande comme la France et le Benelux réunis, Madagascar, au large de l’Afrique, est l’île de la diversité et des contrastes.
Je suis née à Tuléar, au Sud-Ouest de Madagascar, en 1990. Mais j’ai grandi dans la capitale malgache à Antananarivo. J’y ai vécu les 11 premières années années de ma vie. Notre arrivée en France en 2001 a été un véritable chamboulement. C’est comme si cette ancienne vie à Madagascar avait été effacée et que nous recommencions tout à zéro. Nous n’avons plus jamais parlé de Madagascar, comme si notre vie là-bas n’avait jamais existé. Aujourd’hui j’ai relativement peu de souvenirs de mon enfance sur cette île lointaine. Seuls quelques rares photos viennent me rappeler que c’est de là que je viens.
Nous vivions dans une grande maison dans le quartier d’Andavamamba. À quelques pas de chez nous, il y avait des bidonvilles. Mes parents m’interdisaient de jouer avec les enfants, surnommés les quatramis, qui habitaient là-bas. Bien entendu, je désobéissais. Leurs maisons, très simples, étaient faites de matériaux de récupération : des bâches, de la tôle. Il y avait un coin couchage pour toute la famille et un coin cuisine rudimentaire. Les gens qui fuient la campagne en espérant trouver du travail dans la capitale se retrouvent ainsi dans habitations improvisées. Vivre à Madagascar c’est vivre dans un pays où les riches sont séparés des pauvres alors qu’ils vivent bien souvent en bas de chez eux.
Vivre à Madagascar : nos vacances à la campagne près de Fort-Dauphin…
À la campagne, la vie s’organise différemment. Les gens ne sont pas plus riches qu’en ville mais ils arrivent à vivre de peu. Ils cultivent, font du troc, s’entraident.
Madagascar est appelée l’Île Rouge en raison de la couleur de la terre. Je me souviens des maisons faites avec des briques rouges.
Les routes sont souvent de simples pistes. La famille de mes parents vivait sur la côte Sud-Est de Madagascar. Pour atteinte le village de Manatenina, à 80km de Fort-Dauphin, nous devions prendre un taxi-brousse depuis Antananarivo puis un 4×4 une fois arrivés à Fort-Dauphin.
Le 4×4 ne passait qu’une fois par semaine. Le trajet se faisait sur plusieurs jours à cause de l’état des routes. Nous devions prendre des bacs de fortune pour traverser la rivière : Le 4×4 était posé sur des planches qui flottaient grâce à de grosses barriques et des hommes tiraient sur une corde pour faire avancer le bac d’une berge à l’autre.
Dans le village natal de mes parents, il n’y avait ni l’eau courante, ni l’électricité. Pour boire, il fallait aller chercher l’eau à la rivière avec un seau. L’éclairage était à la bougie.
Nous avions la chance de vivre en ville. À Manantenina, il n’y avait pas d’hôpital. L’hôpital le plus proche était à une journée de route. Comme les voitures passaient rarement dans le village, les habitants vivaient isolés du reste de Madagascar. J’ai appris récemment que j’avais une petite sœur. J’étais trop jeune pour m’en souvenir. Elle est morte à Manantenina de la fièvre typhoïde. Vivre à Madagascar c’est aussi ça, c’est être confronté à la dure réalité d’un pays en développement.
Les gens se lavaient directement dans la rivière, la même rivière où ils prenaient l’eau pour boire. Mon grand-père avait des champs de manioc : on mangeait les feuilles pilées et les racines.
Je me souviens des ananas sauvages, des baies sauvages, du poisson et des zébus.
Les paysages de Madagascar : tout pour grandir sur une île paradisiaque
Malgré la pauvreté, Madagascar est une des plus belles îles au monde ! Les paysages sont magnifiques : il y a des plages de sable blanc, des formations géologiques particulières comme les Tsingy, les déserts du Sud de l’île, des forêts tropicales…
Lorsque j’étais à l’école française d’Ampefiloha à Antananarivo, nous partions chaque année en classe verte pour découvrir les beautés du pays. Madagascar est une île volcanique où vivent des espèces uniques au monde : Caméléons, lémuriens, tortues, crocodiles… Sur les 200 000 espèces découvertes sur l’île, 150 000 sont endémiques (elles n’existent qu’à Madagascar).
Ce sont ces paysages malgaches qui m’ont donné envie de voyager. Je partais souvent « explorer » mon quartier à Antananarivo avec un sac à dos. Plus je me baladais et découvrais de nouvelles rues, plus mon territoire d’exploration s’étendait.
Madagascar a tout pour être une île paradisiaque. Mais vivre à Madagascar n’est pas simple.
À bientôt pour de nouvelles aventures 🙂
Clo
14 commentaires
Bonjour, Nous habitons pas trés loin de Madagascar,(Réunion) c’est effectivement une beau pays, j’ai hâte de vous suivre autour du monde. Si d’aventure vous passer par la Réunion, n’hésitez pas à me contacter.
Arop
magnifique île, je suis en France depuis 5ans et je viens de Madagascar, n hésitez pas å prendre contacte avec moi si vous le souhaiter.
Merci et bravo pour ce bel article … au goût suave de mon enfance passée dans cette île si attachante. Merci aussi de l’honneur fait à certaines de mes photos. Bonne continuation et mandrapoina.
merci beaucoup à vous pour ces sublimes photos 🙂
je suis tres touchee , j adore madagascar mais je suis nee a la reunion et je vis dans le sud de la france !! je retourne a mada qu au mois de novembre !! votre recit m a profondemment emue ! bonne continuation !! <3 <3
J’aime bcp cet article. Merci Clo de nous faire partager une petite part de ton enfance malgache.
Dès que nous pouvons fuir ce monde, nous venons à Madagascar ; mon mari y est né et en est parti à l’âge de 8 ans. Voici 3 ans que nous y venons en vacances (5 fois au total séjours de 15 jours à chaque fois), nous changeons à chaque fois de régions, car Madagascar est si grand. Nos photos sont magnifiques et nous ne nous lassons pas de les voir et de les revoir, mon mari a créé un site sur facebook qui s’appelle « Mirouse JP Photo MAD », ce pays nous a ravi, nous a rendu humble, nous a rendu le sourire. Comment peut on se plaindre et voir des gens aussi misérables affichaient un tel sourire. Quel pays grandiose et riche par sa culture, ses traditions, ses sites plus insolites les uns que les autres, sa faune. Bref, notre seul projet maintenant est de le faire découvrir aux autres.
Madagascar , le pays de mon enfance , je ne peux pas me passer de regarder toutes les photos qui se présentent sur face book , je suis originaire de Tuléar
merci pour cette article c’est vrai que notre terre natale est belle j’ai vécu 15 années de bonheur et un jour bang plus rien mais les souvenirs restent et c’est pour ça que je repartirai très bientot retrouver mes amis et ma famille Rado RASOANIVO gros bisous veloma
Bonjour Clo,
Permettez-moi de donner plus d’info sur la couche sociale inférieure de Madagascar, notamment de Tanà. Vous dîtes : « Je me souviens tout d’abord des gens, des sourires malgré la pauvreté » Chère amie, moi de Tanà qui connais ces gens, j’aimerais donner plus d’explication sur ce terme pauvreté. Par définition, pauvreté veut dire Insuffisance de ressources matérielles affectant la nourriture, l’accès à l’eau potable, les vêtements, le logement, ou les conditions de vie en général. Cette population pauvre de Tanà ( qui ne constitue guère la majorité) manque de ressources matérielles, certe, mais ne se trouve pas dans une situation de pauvreté. L’encyclopédie rajoute plus loin, que la pauvreté est une situation génératrice de souffrances. Notre population en question comme vous venez de dire, ne se trouve pas dans une situation de souffrance car elle mange, elle est logée, s’entretient avec le peu de vêtements qu’elle a, donc ne déprime pas, ne souffre psychologiquement pas, c’est à dire en état d’ébriété, de dépression et de démance. L’encyclopédie continue plus loin . » La pauvreté touche des personnes isolées ou des groupes, des segments de population dans les pays développés… », en montrant des photos de pauvreté, les vraies : clochards. qui sont sans abris, complètement démunis. Il m’est donc nécessaire de faire ce point car les autres n’ont peut-être le temps de s’étaler sur ce thème; Cette population pauvre de Tanà, comme vous l’aviez bien exprimé sont des paysans venus en ville ( fruit de l’exode rural) préfère travailler en ville ( porteur, petits marchands, femmes de ménages, jardinier, les notres par exemples) Elle travaille, gagne un salaire et vie avec. C’est pour cela qu’elle est heureuse. Elle ne connait pas notre mode de vie mais c’est nous qui comparons leur vie avec la notre qui concluons, sans comprendre, qu’elle a le sourire malgré la pauvreté. Je vous assure, car nous étions en contact permanent avec ces gens, qu’ils sont heureux (ils ne sont pas tous heureux pour rien). Rien à voir avec la pauvreté en France ou ailleurs qui sont des gens dans la rue, sans capacité de travailler. La pauvreté existe dans le monde non occidental comme en Inde, en Afrique…où des personnes adultes, enfants et viellards, n’ont pas de toit, pas à manger et attendent jour pour jour la fin de leur vie. Mais ce n’est pas vraiment le cas de Madagascar.
Ce qui est certain, c’est qu’on ne peut pas dire qu’une personne est triste parce qu’elle est pauvre. Beaucoup de gens vivants dans les bidonvilles n’ont pas beaucoup de ressources mais la solidarité entre eux existe, une solidarité qui a en grande partie disparue dans les pays occidentaux. Ils se débrouillent. Mais pour autant, je ne pense pas qu’on puisse dire qu’ils sont heureux. Ils ont très peu, et souvent, ils n’ont pas de travail. Certes, certains d’entre eux ont des petits boulots, mais beaucoup, malheureusement, se livrent à la mendicité, à la prostitution, à la drogue… Quoi qu’il en soit, merci d’avoir réagi à cet article et d’avoir communiqué votre point de vue 🙂
Bonjour. Jolie histoire, jolies couleurs. Je suis malagasy et je suis heureux à chaque fois qu’on parle de mon pays autrement qu’à travers ses dérives politiques. Merci pour votre intérêt. Un petit point quand même que j’ai relevé dans vos souvenirs: Fort Dauphin se trouve au sud sud est (et non à l’ouest) de Madagascar. Pour le reste, venez souvent et parlons de ce pays de manière à le faire connaitre partout. Vous souhaitant mille merveilles….
Très belle article, cela fait plaisir de lire une mise en valeur de Madagascar, quand je lis cette enfance je suis un peu jaloux, et je pense que ca ferait beaucoup de bien aux français de faire un stage à Madagascar quelques temps ! Plus de service militaire mais un service communautaire en quelque sorte^^
En tout cas superbe site que je partage sans hésiter ! Bonne continuation dans ce tour du monde
Bonjour Clo, votre témoignage est aussi court qu’intense et, je trouve, superbement écrit. 🙂 un vrai style. Je prépare mon voyage dans votre beau pays du 29 septembre au 23 octobre 2013 et j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ces instants de nostalgie. Continuez à témoigner 🙂 Arno