L’arrivée au Kazakhstan est pour le moins chaotique. Pour une raison que personne ne peut nous expliquer, il n’existe aucune véritable route entre le Turkménistan et le Kazakhstan. Le goudron s’arrête net à 50km de chaque côté de la frontière. Il faut donc prendre un 4×4 et supporter 6 heures de secousses ininterrompues.
Arrivés à la frontière, les Turkmènes, trop contents de nous voir quitter le pays, nous laisse passer sans souci. Du côté Kazakh, l’ambiance est détendue. Les gardes frontaliers nous accueillent avec de grands sourires et, dès qu’ils voient nos passeports, ils s’exclament : « Oh ! Zinedine Zidane ! »
Visiter Aktau au Kazakhstan, la cité balnéaire soviétique au bord de la mer Caspienne
En sortant du poste frontière, nous rencontrons une jeune Kazakh qui se rend dans la même ville que nous : Aktau. Elle nous propose de finir la route dans la voiture de son frère, ce que nous acceptons avec plaisir. Dans la voiture, nous lui demandons si Aktau est une ville agréable. Elle nous explique qu’il s’agit d’une ville balnéaire où viennent se reposer les familles riches du Kazakhstan. Après la tension constante au Turkménistan, nous nous attendons donc à passer un séjour agréable.
Arrivés en ville en pleine nuit, nous déchantons immédiatement. Le bord de mer est caché par d’immenses barres d’immeubles en béton. Bienvenue en ex-URSS ! Cela ne nous donne vraiment pas envie de visiter Aktau !
Nous avons du mal à trouver une chambre d’hôtel acceptable à un prix raisonnable. Tout est soit complet, soit trop cher, soit insalubre. Nous essayons le centre ville avant de chercher dans un quartier plus excentré. Nous trouvons finalement un petit hôtel avec des chambres à 50 euros. Nous essayons de négocier le prix et la gérante nous propose de payer la chambre à l’heure. Puisqu’il est déjà minuit passé, nous nous en tirons pour 35 euros. Soulagés, nous acceptons. Installés dans notre lit, sur le point de dormir, nous comprenons soudain pourquoi la gérante nous proposait de payer les chambres à l’heure. Il s’agit d’un hôtel de passe !
Après une nuit rythmée par les hurlements de nos voisines successives, on décide de visiter la ville. Mis à part le bord de mer bétonné fouetté par un vent glacial, Aktau n’a malheureusement pas grand chose à offrir. On demande à droite à gauche ce qu’il y a à visiter : rien… ou pas grand chose. Nous nous nous contentons donc du grand monument aux morts de la Deuxième Guerre mondiale qui commémore le lourd tribu payé par les Kazakhs pour aider la nation mère, l’URSS.
Visiter Aktau n’a aucun intérêt.
Même si l’URSS n’est plus, on a la sensation d’avoir fait un bond en arrière de 50 ans. Le contraste est radical entre les immeubles flambants neufs du Turkmenistan et les grands blocs d’immeubles en béton du Kazakhstan. Pour la première fois, nous découvrons une ville organisée en districts et non en rues. Les districts sont de grands ensembles d’habitations dans lequel chaque immeuble possède un numéro. Pour trouver une adresse précise, c’est le parcours du combattant.
Prendre le train au Kazakhstan par -40 degrés : d’Aktau à Aralsk
En fin d’après-midi, nous décidons de prendre le train. Nous quittons (fuyons) Aktau en direction d’Aralsk. Près de 18 heures de train nous attendent. Le Kazakhstan est un pays immense, majoritairement constitué de steppes désertes, quasiment aussi large que toute l’Europe réunie. Pour rallier une ville à l’autre, la seule alternative est donc de prendre des trains couchettes.
Nouvelle surprise, les trains semblent eux aussi tout droit sorti de l’époque soviétique. Dans chaque wagon, se trouve un système de chauffage à charbon. Un employé des chemins de fer doit donc constamment l’alimenter.
Bien évidemment, pendant la nuit, cet employé s’endort profondément laissant le chauffage s’éteindre progressivement. Dehors, il fait –40 degrés. Le train se transforme très vite en congélateur. Les vitres givrent de l’intérieur et il nous faut rajouter quelques couches d’habits pour essayer de garder un peu de chaleur.
Heureusement, les voyages en train ne se résument pas à greloter au fond de son sac de couchage. Les Kazakhs rencontrent rarement des touristes (surtout en hiver) et sont donc très curieux de savoir ce que nous faisons ici.
A peine installé sur notre petite banquette, une vieille femme s’avance vers nous les mains pleines. Est-ce que nous nous sommes trompés de place ? Avec un grand sourire, elle dépose sur notre tablette du pain, de la viande et des patates. Elle plonge ensuite ses mains dans ses poches et ressort des bonbons qu’elle nous place dans les mains. Puis, elle prend Clo dans ses bras, lui dépose un baiser sur le front et repart. Complètements abasourdis, nous ne savons pas comment réagir. Le temps de reprendre nos esprits, la femme s’est déjà volatilisée.
Visiter Aralsk au Kazakhstan, l’ancien port de pêche de la mer d’Aral
Dès notre sortie du train, nous sommes saisis par le froid. Il fait -35 degrés la journée et l’air est chargé de millions de minuscules cristaux de glace.
Avec une polaire et un coupe-vent, nous ne sommes pas équipés pour affronter de telles températures. Mais nous ne sommes pas venus ici pour rester au chaud à l’hôtel. Nous enfilons donc tous nos vêtements pour pouvoir aller visiter Aralsk, une petite ville portuaire qui n’a plus de mer.
Située sur la mer d’Aral (devenue un lac d’eau salé au fil des années), cette petite ville vivait autrefois de la pèche. Mais, depuis plusieurs années, la mer a quasiment disparue. Les deux fleuves qui l’alimentaient ayant été détournés pour irriguer d’immenses champs de coton. Arrivés au port, nous découvrons l’étendu du désastre. La mer a tout simplement disparue et tout s’est arrêté. Il ne reste plus que trois bateaux érigés en monuments à côté d’un musée retraçant l’histoire du port.
Turkestan, le plus célèbre monument du Kazakhstan
Notre voyage en train à travers le Kazakhstan nous conduit ensuite dans la ville de Turkestan.
Si vous souhaitez visiter le Kazakhstan, la ville de Turkestan est un incontournable ! C’est là qu’on trouve le plus important monument du pays : le mausolée du mystique soufi Ahmed Yasavi (Khoja Ahmad Yasawi), maître soufi du XIIe siècle.
Ce fut le premier monument kazakh classé patrimoine mondial de l’UNESCO. Le bâtiment n’a pourtant jamais été achevé comme en témoigne les restes d’échafaudages en bois au-dessus de la porte principal. L’actuel mausolée de Ahmed Yasavi a été construit au 14ème siècle pour remplacer un plus petit mausolée du 12ème siècle.
La taille du mausolée est impressionnante, notamment son dôme en tuiles vertes. Mais la visite est rapide et l’intérieur du mausolée, entièrement rénovée à grand coup de plâtre, se révèle peu intéressant.
Pendant la visite, le froid continue de nous congeler, de nous paralyser. Il nous est difficile de continuer dans ses conditions. Nous décidons donc de quitter Turkestan. Nous prenons une nouvelle fois le train pour aller nous réfugier dans la plus grande ville du pays, Almaty.
La fin de notre voyage en train au Kazakhstan: Almaty, l’ancienne capitale
A Almaty, le temps est à peine plus clément, on tourne aux alentours de -20 degrés. Heureusement, la chambre d’hôtel moderne s’avère bien chauffée et isolée.
Nous tentons une promenade, mais après une demie-heure de marche nos cuisses gèlent littéralement. Les trottoirs sont complètement vides. Pas fous, les Kazakhes ne se déplacent qu’en voitures. Dorénavant, notre seule sortie journalière sera pour manger. Nous décidons de ne pas visiter Almaty.
Quelles sont les spécialités culinaires à manger au Kazakhstan ?
La cuisine du Kazakhstan est assez basique et peu variée, composée essentiellement de mouton et d’OIGNON (que les Kazakhs mangent généralement cru). Dans les plats que nous avons essayé, il y a le très célèbre Beshbarmak. Beshbarmak signifie cinq doigts car il se mange directement à la main. On nous amène un grand plat composé de grandes pâtes plates et de plusieurs sortes de viandes : nourrissant mais pas mémorable.
Notre plat préféré d’Asie centrale est le Lagman et tout particulièrement le Lagman kazakh. Il s’agit d’une soupe de nouilles et de légumes : simple, peu cher et délicieux. Principal avantage du Lagman : c’est un plat qui réchauffe, indispensable dès qu’on passe la barre des -30 degrés.
Fin du voyage au Kazakhstan : nous prenons une voiture pour le Kirghizistan
Le passage de la frontière entre le Kazakhstan et le Kirghizistan est une simple formalité. En quelques minutes, on nous tamponne nos passeports sans même se soucier de nos bagages. On n’a même pas l’impression de changer de pays. Les habitants portent toujours les mêmes chapkas et les villes sont toujours aussi soviétiques. La capitale, Bishkek, est une succession de barres d’immeubles en béton, de grandes places vides et de statues immenses.
Le Kirghizistan est connu pour ses magnifiques montagnes ! Malheureusement, le froid hivernal nous empêche de visiter.
Que voir au Kirghizistan en été ?
- Ne manquez surtout pas les lacs Yssyk Koul et Son Koul. Il y a de très belles randonnées à faire à pied ou à cheval.
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À très vite pour le chapitre suivant 🙂
Clo & Clem
6 commentaires
Rhoo … vous êtes un peu méchant avec Bichkek 😉 Ce n’est pas la ville la plus belle du monde, c’est vrai, mais les nombreux parcs la rendent assez plaisante tout de même. Évidemment, j’imagine qu’en hiver, la verdure est un peu moins verte.
Je suis assez admiratif de vous voir traverser cette région du monde en hiver, ce qui n’est pas l’option la plus simple dans ces montagnes. Mais ceux qui le font décrivent tous une ambiance bien différente. Même si ce n’est pas l’affluence touristique même en été, en hiver, il ne doit, j’imagine, plus y en avoir non ?
Comme Laurent je vous trouve tres courageux d’avoir choisi de traverser ses regions en hiver !!
Toujours un plaisir de vous lire maaaais, j’ai une petite requete (jamais contente !) : Vos photos ont l’air superbes mais elles sont trop petites, pensez vous pouvoir les afficher en plus grand ? J’essaye de les agrandir mais ca prend trois plombes !…
Des bises bien chaudes !
Merci pour les bises chaudes, on prend avec plaisir !
C’est vrai que les photos sont petites 🙁 On ne savait pas qu’elles avaient du mal à charger ! Je crois qu’on va changer la disposition du blog très prochainement, j’espère que ça sera mieux !
Ahh que vous êtes courageux de voyager dans cette région par un temps pareil. Je vois drôlement ici une vieille dame faire ce que cette vieille dame a fait. Il y a de quoi rester sous le choc avec autant de gentillesse et de générosité. 🙂 J’ai très hâte de lire vos histoires sur le Tibet.
Coucou!
Je pars quelques temps au Kirghizistan cet été. Bien que ce n’était pas trop la saison des randos quand vous êtes partis, savez vous si il est indispensable d’acheter matelas et sac de couchage pour se rendre au Kirghi? Ou peut-on facilement dormir en yourte ou louer du matos sur place?
Profitez bien pour la suite du voyage en Inde (si j’ai bien suivie ou vous en êtes dans votre parcours)!!!!
nb: le stop et le bus, ça marche bien au Kirghizistan?
God Damn! Faut dire que ça doit pas être facile à cette température là! Ça me rappelle une fois en Équateur, la température était solide trop élevé, et dans le bus avec 10 personnes pour un 6 places, c’était crevant! Ohhh Nostalgie!