Comme beaucoup de jeunes occidentaux, je me suis toujours dit qu’un jour j’aimerais partir en Asie ou en Afrique pour faire du bénévolat. Une belle idée qui, la plupart du temps, ne se concrétise pas par manque de temps, d’argent ou tout simplement parce que l’on n’ose pas. Deux ans après mon semestre d’études à New Delhi, me voici dans un avion direction Calcutta. Je pars pour deux raisons principales : rendre un peu à ce pays qui m’a tant donné et revivre quelques semaines “l’expérience indienne“. Voici mon expérience de bénévolat à Calcutta.
Arrivée et installation : début du bénévolat à Calcutta
Calcutta n’est pas vraiment une destination de vacances qui fait rêver. J’arrive dans une mégalopole de 16 millions de personnes, désordonnée, sale et surchauffée. Je n’ai pas réellement préparé mon voyage à l’avance mais j’ai choisi cette ville car Calcutta est la ville de Mère Teresa. Je ne suis pas croyant, mais comme tout le monde, j’ai vu des dizaines de reportages sur l’action des Missionnaires de la Charité dans les bidonvilles. Un peu naïvement, c’est naturellement vers cette institution que je me suis tourné dès que j’ai pris la décision de partir faire du bénévolat.
J’arrive à Calcutta sans trop savoir à quoi m’attendre. Première destination : Sudder street, le quartier des hôtels pas chers où loge la majorité des bénévoles. Dans la rue, je croise déjà des dizaines de personnes parlant espagnol. Je découvre très vite que la grande majorité des bénévoles qui viennent ici sont originaire des pays encore très croyants.
Ou dormir lorsqu’on décide de faire du bénévolat à Calcutta ?
Un peu déboussolé, je choisis l’option de facilité et m’installe dans un hôtel où se trouve l’essentiel des bénévoles francophones : l’hôtel Maria qui deviendra ma maison pendant 1 mois.
Globalement, les hôtels sont assez semblables. Des chambres et dortoirs au confort plus que sommaire et une hygiène qui laisse à désirer comme l’ensemble des hôtels bas de gamme en Inde.
Mon premier conseil, si vous comptez rester plusieurs jours dans le même hôtel : prévoyez des draps de lit supplémentaires car les draps ne sont pas changés si la même personne occupe une chambre pendant plusieurs jours (voire semaines).
Inscription chez les Missionnaires de la Charité
Une fois installé, je me renseigne sur les modalités d’inscription pour le bénévolat. Des réunions d’informations sont organisées plusieurs fois par semaine. Je retrouve plusieurs dizaines de postulants dans le bâtiment principal des Missionnaires de la Charité. Nous sommes en juillet, période durant laquelle un maximum de bénévoles afflue car ce sont les vacances d’été.
Si vous en avez la possibilité et que vous souhaitez être le/la plus utile possible, essayez d’éviter la période des grandes vacances et privilégiez les périodes creuses durant lesquelles les centres manquent cruellement de bénévoles.
Nous sommes accueillis par quelques sœurs, mais la réunion est principalement organisée par des bénévoles expérimentés. Répartis par groupes de langues, on nous explique les différents centres dans lesquels nous pouvons postuler. Certains centres, comme l’orphelinat, sont réservés aux femmes, d’autres, comme l’école pour enfants des rues, sont réservés pour les bénévoles qui restent au moins un mois. La plupart des Français s’inscrivent dans le “mouroir“ de Kalighat. Comme je reste un mois, je m’inscris dans l’école pour enfants des rues.
Les fléaux de Sudder street : mendicité, tourisme sexuel…
On nous informe également sur deux fléaux causés par la trop grande concentration d’occidentaux dans le quartier de Sudder street : l’intense mendicité et (à mon grand étonnement et dégoût) le tourisme sexuel. Je n’ai heureusement pas été confronté au second fléau pendant mon séjour. Par contre, comme dans chaque lieu touristique en Inde, les Occidentaux sont assiégés par les mendiants (souvent des enfants).
Malgré ma première expérience de plusieurs mois à New Delhi, je n’ai jamais vraiment su déterminer la meilleure solution à adopter : donner ou refuser ? J’étais donc très intéressé par le point de vue des Missionnaires de la Charité. Leur position est simple et claire : donner à un mendiant fait plus de mal que de bien. Cela alimente un cercle vicieux et un système criminel qui va à l’encontre des véritables solutions pour tenter d’éradiquer la pauvreté. Avec du recul, je pense qu’il s’agit d’une position tout à fait sensée. A mon avis, on donne généralement à un mendiant pour une mauvaise raison : calmer sa propre culpabilité. Il existe bien sûr toujours des exceptions, des situations d’urgence où il peut être nécessaire de donner, mais il est souvent très difficile de savoir juger le vrai du faux.
Mon bénévolat à l’école pour enfants des rues
Je me suis inscrit à l’école pour enfants des rues car ils étaient en manque de bénévoles restant au moins un mois (la plupart des bénévoles ne font qu’une étape de quelques jours et reprennent ensuite leur circuit touristique). N’ayant aucune expérience concrète dans le domaine de l’éducation, j’espérais être aidé par les sœurs du centre.
Dès mon arrivée, je déchante complètement. Les sœurs ne sont pas là pour accueillir les nouveaux bénévoles. Deux bénévoles américaines et une institutrice indienne (qui ne parle pas anglais) sont tout juste en train de commencer leurs cours. Une des américaines m’expliquent en quelques secondes où je dois m’installer et me confie une partie de sa classe. Je me retrouve donc complètement ahuri face à 6 enfants d’environ 6 à 9 ans avec pour seul outil un tableau et une craie. Heureusement pour moi, l’un de mes élèves parle parfaitement anglais. C’est donc lui qui m’explique ce que je dois faire !
J’improvise tant bien que mal un cours d’anglais en essayant de m’inspirer du cours des autres bénévoles qui se déroulent juste à côté. Les deux sœurs qui « gèrent » l’école ne font leur apparition qu’à la fin des cours. Elles nous proposent gentiment quelques gâteaux et un thé pour reprendre des forces. Pendant toute la durée de mon séjour, ce sera leur unique fonction. Je ne peux pas vraiment les blâmer car elles n’ont, pour la plupart, pas vraiment fait le choix de devenir sœur. Mais je constate avec étonnement que les bénévoles, en général jeunes et inexpérimentés, se retrouvent sans aucun encadrement ce qui empêche de mener une action réellement efficace, surtout dans le domaine de l’éducation.
Constat sur mon expérience de bénévolat à Calcutta et conseils
Après un mois de bénévolat à Calcutta à donner des cours, je constate assez amèrement que le niveau de mes élèves n’a pas vraiment progressé. Je ressors donc de cette expérience de bénévolat assez découragé malgré les bons moments que j’ai pu passer avec mes élèves.
Pour pallier ce manque d’encadrement, il serait nécessaire d’avoir essentiellement des bénévoles qualifiés qui reviennent chaque année pour suivre réellement le développement des enfants. C’est d’ailleurs le cas pour certains des bénévoles que j’ai pu rencontrer et pour qui j’ai une grande admiration.
Si vous n’avez pas de compétences particulières, votre présence en tant que bénévole n’est pas pour autant sans intérêt, surtout pendant les périodes creuses. Si vous souhaitez travailler dans l’école, n’hésitez-pas à préparer à l’avance quelques cours d’anglais et de mathématiques (pour tous les niveaux) et prévoyez d’amener votre propre matériel éducatif.
Au final, mon expérience à Calcutta est très différente de ce que j’avais pu voir dans les reportages à la télévision. Le hasard a voulu qu’une équipe de l’émission « Envoyé Spécial » tourne un sujet sur les Missionnaires de la Charité pendant mon bénévolat. Quelques mois plus tard, j’ai pu visionner le reportage qui ne décrivait absolument pas l’expérience que j’avais pu vivre. Le montage, très superficiel, romancé et misérabiliste, racontait l’histoire d’un jeune bénévole catholique venu secourir la veuve et l’orphelin.
Contrairement à ce que peut véhiculer ce type de reportage, le bénévolat n’est ni simple, ni anodin. Il peut même devenir très vite superficiel et contre-productif si l’on y fait pas attention. Le bénévolat est un engagement et non une activité touristique originale pour flatter son ego.
Il faut d’ailleurs faire très attention avant de s’engager. Il existe aujourd’hui des fausses associations humanitaires qui accueillent des jeunes bénévoles dans le seul but de les abuser et de leur soutirer de l’argent.
Mon conseil final est qu’il faut prendre au sérieux votre engagement de bénévolat. Comme pour un travail, il faut réellement vous y préparer pour pouvoir mener à bien votre mission. Vous n’en serez que plus heureux d’avoir été d’une aide précieuse pour des personnes en véritable difficulté.
Bien appréhendé, le bénévolat peut être une action extrêmement positive contre la pauvreté. Alors n’hésitez pas, foncez !
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A bientôt pour un nouvel article 🙂
Clo & Clem
10 commentaires
Bonjour,
Bravo pour ton excellent article que j’ai dévoré,tant il cerne avec justesse et objectivité les questions que l’on se pose sur l’utilité du bénévolat.
Ayant enseigné et mon mari étant médecin nous envisageons ,la retraite approchant et si notre santé nous le permet…faire de l’humanitaire en Asie.
Bonne route ! 🙂
Bonjour
J’aimerai rentrer en contact avec le couple enseignant -médecin qui veut partir en humanitaire
55 ans,je souhaiterais partir à Calcutta au mois de juillet pour une première approche en vue de rester plus longtemps dés la soixantaine…un retour pour moi qui ai fait trois séjours alors jeunette .
Merci
Bonjour
Je souhaiterais partir en Inde en voyage pendant 1 mois a mes frais (voyage)et faire en même temps du bénévolat
recherche une association
J ai 60ans retraite sans qualification’ medicale
j ai beaucoup de volonté pour aider les enfants aux premiers soins et surtout leur donner de l amour
Je suis en plein santé .je suis sportive .motivé. courageuse
Et surtout réalisé se rêve qui me tient à coeur et pourquoi pas m investir définitive.
Cordialement madame Teston Claudie
Merci pour cet article très interessant.
bonjour je souhaiterais communiquer avec vous par email je ne trouve pas cette information sur votre blog . je pars en inde cet automne et votre blog m’a beaucoup aidé et je souhaiterais allée la ou vous étiez. est ce que vous pouvez répondre à ce commentaire avec votre email svp ou m’envoyer email ? merci
jessica
Bonjour Jessica, tu peux nous contacter sur cloetclem@hotmail.fr 🙂
Bonjour. J’ai vécu une expérience similaire à la tienne en juin 2009 avec mon compagnon pendant notre séjour en Inde et avons aussi été suivis par des journalistes pour un reportage d’Envoyé Spécial. Nous avons souvent déchanté, changé plusieurs fois de dispensaires, souffrant de difficulté d’adaptation. Et pour finir, très déçu du reportage où tout est coupé au montage ! Mais heureusement les blogs sont là pour révéler de vrais témoignages !
Tu décris bien les difficultés dans ton article. J’ai apprécié sa lecture. Bonne continuation.
C’est trop drôle, j’ai aussi croisé l’équipe d’Envoyé Spécial ^^ et j’ai été tout aussi déçu par le reportage, surtout la fin qui décrivait un fantasme plutôt nauséabond du jeune catholique courageux venu sauvé la veuve et l’orphelin au bout du monde. Ca me rassure de voir que je n’ai pas été le seul choqué :/ Merci en tout cas pour ce gentil commentaire 🙂
Bonjour, merci infiniment pour cet article.
Je me suis revue 10 ans plus tôt, à 21 ans, complètement désœuvrée avec ma craie à la main, devant ma classe d’enfants malade de Shanti Dan, complètement perdue face a ces petits qui ne parlaient pas un mot d’anglais. Mais qu’elle experience! Qu’elle joie ! Merci pour ce moment de nostalgie. Bonne continuation !
Merci pour ton commentaire 🙂 c’est rassurant de savoir que je n’étais pas le seul un peu perdu face à mes élèves ^^